mercredi 16 avril 2008

Ironman Arizona 2008




(la gang : Pierre, moi, Alain, Éric et Lyzane)

Natation


Vers 6h40, je saute dans l’eau. Grrrrrr!!!! Je sens que l’eau est plus froide que vendredi matin. Bof!! Ce n’est pas grave, je vais avoir chaud durant le parcours. Quelques minutes avant le départ, je grelottais beaucoup et j’avais hâte d’avoir chaud.

7h00 - BANG!!! C’est le départ!!!



Le combat de boxe commence, mais ce fut assez court, à peine 500m pour faire mon chemin.

Déjà, j’avais une sensation bizarre. Je manquais de fluidité dans mes mouvements. Peu avant le mi-chemin, j’avais froids aux épaules. Quelques centaines de mètres plus tard, j’ai commencé à ressentir des crampes aux jambes et aux mollets et j’ai froid partout. Je me suis alors dit : ‘ouf! la deuxième moitié sera difficile et longue.’


Par contre, il n’était nullement question que j’abandonne. Ce fut difficile de combattre le froid. Je n’avais pas l’énergie pour avancer à mon rythme normal. Je voyais des nageurs me dépasser. Ce fut difficile psychologiquement. Habituellement, je performe très bien à la nage. Pas besoin de vous dire que j’avais hâte de terminer cette étape.



À ma sortie de l’eau, j’étais déçu de ne pas voir mon temps de natation. Mais je savais déjà que mon temps n’était pas à la hauteur de mes attentes et capacités. Je visais en bas de 60 minutes et j’ai finalement nagé 3.9 km en 1h05.


Après avoir enlevé mon wet-suit et marché quelques pas, j’ai réalisé à quel point j’avais très froid. J’avais de la misère à marcher. C’est à ce moment précis que j’ai compris que je souffrais d’une hypothermie. Il y a eu une bénévole qui a remarqué mon état et m’a transporté immédiatement sous la tente médicale où il y avait des gens pour s’occuper de moi. Un médecin a prit mon pouls et il me posait des questions pour savoir si j’étais conscient et lucide. Avec les questions qu’il me posait, je pensais qu’il voulait m’amener à l’hôpital. Dans ma tête, il n’était pas question que j’arrête. Je me disais : ‘Prends le temps de te réchauffer et tu partiras lorsque tu seras mieux.’. C’est exactement ce que j’ai fait. Entre 18 et 20 minutes plus tard, je me sentais mieux. Alors je suis partie en direction du vélo. J’avais encore un peu froid, mais je savais que j’aurais chaud en peu de temps en vélo.



Vélo


Alors direction vélo et ça presse … J’ai enfilé mes manches et un t-shirt supplémentaire et en sortant de la zone de transition, j’ai vu mon temps 1h28 ... je me suis alors dit quelques %#*@?&*#% ……………….


Par chance, toujours à la sortie du vélo, je vois ma copine Sylvie. Sachant que je suis en retard, elle me demande si ça va? Je lui réponds avec mon pouce oui et non. Oui, je vais mieux et non, j’ai souffert d’une hypothermie. Mais elle sera mis au courant de ce détail qu’à la fin de l’épreuve.



J’étais en mode d’attaque pour dépasser le plus de monde possible. Malheureusement, je pédalais sans vraiment sentir mes jambes. J’avais l’impression d’avoir des jambes gelées. Malgré ce handicap, j’ai réussi a dépasser beaucoup de monde pendant les 30 premiers km et ce, contre le vent. Je roulais à peine à 24-26 km/h. Merde avec cette vitesse, je ne ferai pas un temps en bas de 6h00 pour le vélo. À ce moment là, je savais que mon objectif de temps ne serait pas atteint. J’étais très déçu, je me disais : ‘Pire temps en natation et pire temps en vélo. Pas fort JP!!!! Alors pour sauver ton honneur, tu vas faire un bon temps de marathon. Ok JP…tu es capable…


Le retour de la boucle de 60 km fut très rapide car nous avions le vent dans le dos. Je ne voulais pas trop forcer pour la simple raison que je voulais garder mon énergie pour le marathon. Je me suis laisser emporter par le vent. Malheureusement et par chance aussi, je me faisais dépasser par des coureurs avec des vélos équipés de roues zipp. Je leur disait dans ma tête : ‘Attends moi au marathon, je vais te rattraper!


Au deuxième tour, je commençais à mieux sentir mes jambes. Ce fut le tour le plus facile.

Comme les malheurs n’arrivent jamais seul, je commençais à éprouver des douleurs aux pieds. J’ai toujours eu ce mal de pied durant mes épreuves d’Ironman. Je pense que c’est le fait que mes pieds gonflent un peu après la natation. En dehors des Ironman, je n’ai jamais mal aux pieds en vélo. Mon mal de pied m’empêche de pousser comme je le voudrais. À ce moment là, je me préparais mentalement à faire mon deuil de compléter l’épreuve du 180 km de vélo en bas de 6h00.


Au troisième tour, le vent est encore plus présent. Je roulais par moment en bas de 20 km/h. Psychologiquement, j’ai décroché de la compétition. Je faisais une simple balade de vélo en solitaire. Par contre il y avait quelque chose que me motivait à continuer … c’est lorsque je voyais du monde écraser par terre ou assis sur une chaise soit en train de pleurer ou soit qu’ils étaient découragés, je me disais … regarde, ce gars a un crisse de vélo super aérodynamique et il est même pas capable de le terminer. Alors, je me répétais : Let’s go JP, let’s go JP … Mais en même temps, j’avais beaucoup de sympathie pour eux. Je savais comment ils pouvaient se sentir. Car eux aussi, ils se sont beaucoup entraîner pour ce jour là.



Course à pied


Retour à la zone de transition après 180km en 6h 11m 36s. Ce fut bizarre, car je me suis dit : ‘Il était temps et en même temps … déjà terminé!.’

Lors de la transition, je devais immédiatement prendre beaucoup de sel car j’en ai manqué durant le vélo. Pourtant, j’avais prévu le coup. J’avais prévu 17 capsules de sel de 500mg.

Maintenant, concentrons-nous sur l’épreuve du ‘petit’ marathon. Ma grosse bête noire.

Là, j’avais prévu 15 capsules de sel et ce ne fut pas assez.



Au départ du marathon, je vois Sylvie et je lui dis que je vais bien. Je me sentais bien de ne pas avoir le vent que j’ai subi en vélo. La chaleur ne m’a pas trop dérangé jusqu'à présent. Généralement, je supporte assez bien la chaleur et le froid.



Au départ du marathon, je me disais de courir relaxe car Pierre pouvait me rattraper. Mon premier mile, je l’ai couru en 10 min 30 avec un arrêt aux toilettes de 2 min 30. J’étais content. Je réussissais à rattraper du temps pour arriver à courir à une vitesse de 9 minutes du mile. J’ai pu maintenir ce rythme avec beaucoup de facilité jusqu’au 13ième mile, la moitié du marathon. Déjà mes réserves de sel sont presque à sec. J’ai commencé à m’inquiéter pour mon niveau de sel. Il n’y avait qu’un seul ravitaillement qui pouvait nous fournir du sel.


Je cour sans arrêt jusqu’au 30ième km et c’est quelques mètres plus loin que j’ai commencé à marcher. Mon temps était alors en bas de 3hres. C’est à ce moment que je pense avoir manqué de sel. J’avais mal à l’intérieur des cuisses et je crois que je me suis étirer ceux-ci dû au fait que j’ai les pieds plat. Alors, je marche pendant près de 40 minutes. J’étais à la fois déçu et content. Déçu, car je ne voulais pas marcher. Content, car malgré mon hypothermie du matin, mes jambes ont tenu le coup pendant près du trois quart du parcours et à un rythme intéressant.



Lorsque je croise Sylvie pendant mon troisième tour, elle me demande comment je vais. Je lui réponds que je suis K.O. Là, elle m’annonce qu’Alain et Lyzane ont dû abandonner la course. Dans ma tête je me disais : QUOI? ALAIN ET LYZANE ONT ABANDONNÉS, NON, NON. Je lui demande aussi si Pierre est loin derrière. Elle n’en a aucune idée. Ces informations m’ont donnés un regain d’énergie. J’ai recommencé en alternance course et marche. Je me disais que Pierre pouvait me dépasser car il est meilleur coureur que moi.


Pour terminer avec honneur, j’ai couru sans arrêts, tout en accélérant ma vitesse pour les 2 miles de la fin. Si ma mémoire est bonne j’ai dépassé au moins 5 coureurs.

Enfin je vois la ligne d’arrivée.


Et pour la première fois en 5 Ironman, j’entend l’annonceur Mike Reilley dire :


'Jean-Pierre from Montréal, YOU ARRRREEEE AAAANNNN IRONMANNNNN!'



J’étais très content de l’entendre. Ceux qui ne me connaissent pas, j’ai des problèmes d’audition. Lors de mon premier Ironman, je ne l’ai pas entendu et les autres fois, il ne l’a soit, pas dit, ou je ne l’entendais pas. Depuis ce temps-là, j’espère toujours entendre cette phrase magique par la voix de cet annonceur mythique! Je penses que chaque finissant du Ironman méritent d’entendre cette phrase si simple, mais combien valorisante.


Après la ligne d’arrivé, j’entends quelqu’un me crier: ‘Jean-Pierre You are an Ironman.’

Et il avait un accent québécois. C’était Jean-Philippe, un gars de Montréal que j’ai rencontré dans l’avion en allant à Tempe. Lui et sa copine font un voyage de vélo a Tucson avec un club de triathlon. Ils sont partie de Tucson jusqu'à Tempe pour voir la compétition et espéraient me voir arriver. J’étais super content de les voir. Ce fut la grosse cerise sur mon gâteau.


Après la compétition, je me suis fait faire un petit massage. J’ai ensuite dévoré des tranches de pizza froide et des frites. Sylvie et moi avons l’habitude d’aller voir les autres arrivants (ou survivants). Nous sommes restés jusqu'à minuit pour voir le dernier participant. Après quoi je suis allé récupérer mes choses pour retourner à l’hôtel.


Ce fut une longue journée, presque 24hres debout.

De tous mes Ironman, ce fut le plus difficile. Ma médaille, je l’ai mérité et j’en suis très fier. Je suis heureux aussi d’avoir un Ironman dans le corps au mois d’avril. Ça commence bien ma saison et c’est une excellente préparation pour mon prochain Ironman de 2008 … Ironman Louisville, Kentucky, Here I come, le 31 août prochain!


Pour voir mes stats, voici le lien